Le nouveau pape François recevait le Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège le vendredi 22 mars 2013 au palais apostolique du Vatican. Parmi eux, de nombreux représentants de pays musulmans. Alors que le Liban célèbre aujourd'hui 25 mars la fête islamo-chrétienne, saluons ce discours ouvert et sincère dont voici le texte intégral.
Excellences,
Mesdames
et Messieurs,
Je remercie de grand coeur votre Doyen, l’Ambassadeur Jean-Claude Michel, pour
les paroles courtoises qu’il m’a adressées au nom de tous, et avec joie, je vous
accueille pour cet échange de saluts, simple et en même temps intense, qui veut
être en principe l’accolade du Pape au monde. À travers vous, en effet, je
rencontre vos peuples, et je puis aussi, dans un certain sens, rejoindre chacun
de vos concitoyens, avec ses joies, ses drames, ses attentes, ses
désirs.
Votre présence en si grand nombre est aussi un signe que les relations que vos
Pays entretiennent avec le Saint Siège sont fructueuses, sont vraiment une
occasion de bien pour l’humanité. C’est cela, en effet, qui tient à coeur au
Saint-Siège : le bien de tout homme sur cette terre ! Et c’est bien avec cette
intention que l’Évêque de Rome commence son ministère, en sachant qu’il peut
compter sur l’amitié et sur l’affection des Pays que vous représentez, et dans
la certitude que vous partagez un tel propos. En même temps, j’espère que ce
soit aussi l’occasion d’entreprendre un chemin avec les quelques Pays qui
n’entretiennent pas encore de relations diplomatiques avec le Saint Siège, dont
certains – je les remercie de grand coeur – ont voulu être présents à la Messe
du début de mon ministère, ou ont envoyé des messages en signe de
proximité.
Comme vous savez, il y a plusieurs raisons pour lesquelles j’ai choisi mon nom
en pensant à François d’Assise, une personnalité qui est bien connue au-delà des
frontières de l’Italie et de l’Europe, et aussi de ceux qui ne professent pas la
foi catholique. Une des premières est l’amour que François avait pour les
pauvres. Il y a encore tant de pauvres dans le monde ! Et ces personnes
rencontrent tant de souffrance ! À l’exemple de François d’Assise, l’Église a
toujours cherché à avoir le souci, à protéger, en tout coin de la terre, celui
qui souffre d’indigence et je pense que dans beaucoup de vos pays, vous pouvez
constater l’oeuvre généreuse de ces chrétiens qui se prodiguent pour aider les
malades, les orphelins, les sans-abris et tous ceux qui sont exclus, et qui
ainsi travaillent pour construire une société plus humaine et plus
juste.
Mais il y a aussi une autre pauvreté ! C’est la pauvreté spirituelle de nos
jours, qui concerne gravement aussi les Pays considérés comme plus riches. C’est
ce que mon Prédécesseur, le cher et vénéré Benoît XVI, appelle la « dictature du
relativisme », qui laisse chacun comme mesure de lui-même, et met en péril la
convivialité entre les hommes. Et ainsi j’ajoute une autre raison de mon nom.
François d’Assise nous dit : travaillez pour construire la paix ! Mais il n’y a
pas de véritable paix sans vérité ! La paix ne peut pas être véritable si chacun
est la mesure de lui-même, si chacun peut revendiquer toujours et seulement son
droit personnel, sans avoir le souci en même temps du bien des autres, de tous,
à partir de la nature qui unit chaque être humain sur cette terre.
Un des titres de l’Évêque de Rome est Pontife, c’est-à-dire celui qui construit
des ponts, avec Dieu et entre les hommes. Je désire vraiment que le dialogue
entre nous aide à construire des ponts entre tous les hommes, si bien que chacun
puisse trouver dans l’autre, non un ennemi, non un concurrent, mais un frère à
accueillir et à embrasser ! Mes origines mêmes du reste, me poussent à
travailler pour édifier des ponts. En effet, comme vous savez ma famille est
d’origine italienne ; et ainsi en moi est toujours vivant ce dialogue entre les
lieux et les cultures avec leurs éloignements - d’un bout du monde à l’autre,
aujourd’hui
toujours plus proches, interdépendants -, qui ont besoin de se rencontrer et de
créer des espaces réels d’authentique fraternité.
Dans cette tâche, le rôle de la religion aussi est fondamental. On ne peut pas en effet construire des ponts entre les hommes en oubliant Dieu. Mais le contraire vaut aussi: on ne peut vivre des liens véritables avec Dieu en ignorant les autres. Pour cela, il est important d'intensifier le dialogue entre les différentes religions, je pense surtout au dialogue avec l'Islam, et j'ai beaucoup apprécié la présence, durant la messe du début de mon ministère, de nombreuses Autorités civiles et religieuses du monde islamique. Et il est important d'intensifier la rencontre avec les non croyants, pour que ne dominent jamais les différences qui séparent et blessent, mais que, même dans la diversité, l'emporte le désir de construire des liens vrais d'amitié entre tous les peuples.
Lutter contre la pauvreté soit matérielle, soit spirituelle ; édifier la paix et
construire des ponts. Ce sont comme les points de référence d’un chemin auquel
je désire inviter à prendre part chacun des Pays que vous représentez. Un chemin
difficile cependant, si nous n’apprenons pas toujours plus à aimer notre Terre.
Aussi dans ce cas penser au nom de François m’est une aide, lui qui enseigne un
profond respect pour toute la création, pour la sauvegarde de notre
environnement, que trop souvent nous n’utilisons pas pour le bien, mais que nous
exploitons avec avidité au détriment l’un de l’autre.
Chers
Ambassadeurs,
Mesdames
et Messieurs,
Merci
encore pour tout le travail que vous accomplissez, ensemble avec la
Secrétairerie d’État, pour construire la paix et édifier des ponts d’amitié et
de fraternité. À travers vous, je désire renouveler à vos Gouvernements mon
remerciement pour leur participation aux célébrations à l’occasion de mon
élection, avec le souhait d’un fructueux travail commun. Que le Seigneur tout
puissant comble de ses dons chacun de vous, vos familles et les peuples que vous
représentez. Merci !
Source: Zenit.org
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