Le 17 mars, un haut dignitaire religieux chrétien, le cardinal français Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux était l’invité exceptionnel de l’émission « Talk to Al Jazeera », diffusée dans l’ensemble du monde musulman sur la chaîne qatarie. Une grande première!
Il a abordé, face au journaliste Sami Zeidan, les thèmes récurrents du dialogue islamo-chrétien.
Parmi eux, les tensions interreligieuses qui parcourent le monde arabe, et notamment, le sort des chrétiens d’Orient, dont il se dit préoccupé : « Les chrétiens partagent le destin des peuples de la région. Et là où la paix n’existe pas, ils souffrent. Leur grande tentation est d’émigrer, parce que le processus de paix n’avance pas. Mais si les chrétiens quittent le Moyen-Orient, ce sera une tragédie, parce qu’ils quitteront la terre qui les a vus naître. Les chrétiens ont toujours vécu au Moyen-Orient. S’ils s’en vont, les Lieux Saints deviendront un musée et ce sera une catastrophe. »
A propos du printemps arabe, le cardinal Tauran a réaffirmé la position du Vatican : « Ces aspirations, nées chez des jeunes en recherche de dignité, de liberté et de travail, sont bonnes et partagées tant par les chrétiens que par les musulmans. Mais nous espérons que ce printemps conduira à l’été et non à l’hiver. Le Vatican n’espère ni ne craint ; nous devons être sur le terrain et écouter les aspirations du peuple. »
Concernant la situation des musulmans en Europe, il a constaté l’existence d’une « peur de l’Islam », basée sur l’ignorance. Dans ce contexte, « nous avons réussi à éviter le choc des civilisations, et nous devons chercher à éviter le choc des ignorances ». Il cite en exemple sa propre expérience : « il suffit de parler avec des groupes de droite et vous découvrez qu’ils n’ont jamais ouvert le Coran, ni rencontré un musulman. Il faut donc faire un énorme effort pour les éduquer ».
Enfin, il aborde la question des Lieux Saints, clé d’une paix possible au Moyen-Orient: « Tant que cette question ne sera pas résolue de façon adéquate, il n’y aura pas de paix au Moyen-Orient. Le Saint-Siège a toujours demandé de ne pas traiter ce thème à la dernière minute. Nous sommes favorables à un statut internationalement reconnu pour la partie de Jérusalem où les Lieux Saints des trois religions monothéistes sont ouverts aux croyants. »
Pour voir l’entretien télévisé dans son intégralité (en anglais), cliquez ici.
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